80 km/h : un particulier attaque le premier ministre devant le Conseil d’Etat !
A l’âge où certains se contentent de regarder pousser leurs tomates / petits-enfants / prostate / poils blancs, Paul de Métairy attaque le premier ministre contre les 80 km/h…
Du haut de ses 76 printemps, cet amateur de belles voitures s’apprête à quitter ses paisibles Gorges de l’Ardèche pour rejoindre Paris où il sera auditionné jeudi par le Conseil d’Etat. Chapeau !
Ce jeudi 19 juillet au Conseil d’Etat, les 80 km/h seront à « l’honneur » : après l’audience de 11h00 qui examinera la requête de 57 députés, celle de 14h accueillera un réquérant plus inattendu en la personne de Paul de Métairy, agissant au titre de simple particulier…
Alors qu’il paraît très en forme malgré ses 76 ans, Paul de Métairy s’inquiète juste un peu de la fatigue liée à ce voyage au Conseil d’Etat.
« Une heure de route jusqu’à Avignon puis le TGV jusqu’à Paris, à mon âge ce n’est pas rien, même si normalement Sud Rail ne fait pas grève demain », avoue celui qui n’a pourtant pas hésité à attaquer le premier ministre, Edouard Philippe himself, contre le décret n°2018-487 du 17 juin 2018 portant la limitation à 80 km/h sur les routes secondaires.
Je me suis renseigné sur la procédure et j’ai écrit tout seul l’intégralité de mes conclusions, puis le Conseil d’Etat m’a très gentiment fourni un avocat gratuitement.
C’est ce que nous explique ce propriétaire de plusieurs belles voitures, dont une Rolls-Royce et une Jaguar X-Type. Ancien informaticien, réalisateur et organiste, né en Belgique, il a quitté les Ardennes (08) jugées « un peu trop froides » pour les Gorges de l’Ardèche, où il est désormais confortablement installé depuis 30 ans dans son domaine de 3 hectares, à proximité d’un petit village de 160 habitants.
Parmi les arguments qu’il compte faire entendre demain au Conseil d’Etat en appui de sa requête en annulation et suspension, Paul de Métairy pointe notamment l’insuffisance de motivation du décret, la mise en danger d’autrui et les atteintes à l’environnement.
Le gouvernement promet de revenir en arrière après deux ans d’expérimentation si elle ne donne pas les résultats escomptés, ce qui confirme de son propre aveu l’incertitude de justification de la mesure. Le retraité rajoute :
L’insuffisance de motivation est ainsi encore plus amplement démontrée, outre l’abus de droit de prendre les usagers pour des cobayes d’une expérimentation purement vexatoire. Puisque aucun décompte préalable n’a été fait, la promesse d’un retour en arrière dans deux ans est illusoire vu qu’aucune comparaison ne sera possible.
De plus, dire aux automobilistes « si vous tuez plus de gens dans les deux ans, on reviendra en arrière », est hallucinant de cynisme, et une provocation à mettre en danger la vie d’autrui, outre les raisons qui suivent, ce qui doit être sanctionné.
Citant l’exemple de sa Citroën CX 2500 D, Paul de Métairy note également que « page 149 du manuel technique (qui ne ment pas), on voit qu’en 5ème la vitesse est de 46,58 km/h pour 1000 tours, ce qui signifie qu’à 2000 tours on est à 93,16 km/h.
Pour rouler à 80, on devrait redescendre à 1700 tours en 5ème, ce qui est impossible : on cale le moteur ! On doit donc rétrograder en 4ème, où la vitesse est de 35,57 km/h pour 1000 tours. On voit donc qu’à 80 km/h, on est à 2500 tours, soit une augmentation de consommation de 25 % !!!
Finalement, la seule voiture avec laquelle je ne consommerai pas plus c’est ma Rolls-Royce, puisque je reste en mode Drive de 50 à 200 km/h. Mais tout le monde n’a pas une Rolls …
M. de Métairy rappelle aussi que « dans nos voitures modernes, on n’a plus l’impression de vitesse. Obliger les conducteurs à avoir l’œil rivé sur leur compteur comme sur un écran de TV est insensé et empêche la « conduite défensive ».
S’il est possible de jeter un rapide coup d’œil pour vérifier sa vitesse, cela prend bien plus de temps s’il faut ralentir et regarder l’aiguille redescendre sous la vitesse limite, et entre-temps, on ne voit plus la circulation ».
« Même à 90 km/h on a l’impression de se traîner », poursuit-il, ce qui provoque « une déconcentration considérablement accrue à 80 km/h, au détriment de la sécurité, comme aussi le phénomène inverse : une frustration et une agressivité en hausse. Cela va donc augmenter considérablement le risque et l’hypovigilance, phénomènes responsables de nombreux morts ».
Intarissable dans ses arguments, le retraité dénonce aussi le fait de « ne plus pouvoir dépasser un camion, vu l’abolition du différentiel de vitesse. Se traîner à 50 km/h dans les côtes où il y a une ligne blanche va engendrer une dangereuse exaspération et des dépassements ou comportements à risque, au détriment de la sécurité ».
Enfin, « j’attire particulièrement votre attention sur un élément qui est passé inaperçu », nous confie pour conclure M. de Métairy : « dans le décret, contrairement aux promesses pour nous « endormir », on a « omis » d’insérer la clause de révision dans deux ans », souligne M. de Métairy en concluant que « cette révision n’aura donc jamais lieu »…
Source : moto-net.